Kada Kachaoui : "J’existe pour rendre la vie de l’autre un peu plus facile !"
À 43 ans, Kada Kachaoui est père de 4 enfants. Ce franco-algérien travaille au pôle spiritualité du conseil national des scouts musulmans de France. Grand humaniste, il fait du partage, notamment inter-religieux, sa raison de vivre. En 2015, après les terribles attentats qui ont frappé la France, il est le premier à apporter son aide à la communauté catholique lyonnaise, pour que les religieux puissent vivre la procession du 8 décembre dans les meilleures conditions.
En 2015, les attentats de Charlie Hebdo en janvier, puis du Bataclan en Novembre endeuillent la France. Face à la menace terroriste, la Fête des Lumières est annulée. Un seul évènement est finalement maintenu : la procession des catholiques de Saint Jean à la basilique de Fourvière. Cependant, les effectifs pour assurer la sécurité sont insuffisants. Une demande d’aide est lancée en ligne. Kada Kachaoui est le premier à s’inscrire.
« Nous avons plusieurs facteurs en communs avec les catholiques : nous sommes croyants, pratiquants et nous avons le même lien avec Dieu. Jésus est mon prophète. Le respect et la citoyenneté m’obligent à aller vers l’autre, à le comprendre. Le respect dans une identité globale est une richesse humaine. On n’a que cette solution aujourd’hui pour que le monde aille mieux. Cet appel des catholiques, le soir du 8 décembre, est une chance pour moi. Il m’a paru normal d’apporter ma contribution et de faciliter la tâche à mes frères catholiques. Si j’existe, c’est pour rendre la vie de l’autre un peu plus facile. »
Une fois arrivé sur place, Kada enfile un gilet de sécurité devant l’église de Saint Jean. « Je suis resté pour surveiller la place afin que chacun puisse profiter de la richesse artistique immense et de la densité spirituelle de l’évènement »
L’histoire d’un imam atypique
À l’âge de 7 ans, alors qu’il vit encore en Algérie, Kada Kachaoui va chercher son journal tous les matins avant de rejoindre sa classe de CE1. Parallèlement, il s’intéresse très rapidement au milieu associatif et décide, de son plein gré, d’intégrer les scouts musulmans d’Algérie alors qu’il a 10 ans. Kada Kachaoui entre ensuite dans l’armée en temps qu’imam. Il fait son service en Afghanistan, au Tchad, puis au Liban. Il est accompagné par un pasteur et un prêtre, et finit par passer plus de temps avec eux qu’avec les autres musulmans. Son expérience au Liban a été une véritable leçon de vie inter-religieuse.
« Le dimanche, on allait tous les trois à la messe. Le prêtre boit. Le pasteur aussi. Ils étaient bien contents d’avoir un imam qui ne boit pas pour les ramener en voiture ! »
À 27 ans, Kada Kachaoui s’installe à Lyon et s’engage dans les scouts musulmans de France qu’il considère comme une alternative éducative aux mosquées qui peuvent avoir des discours très différents, étant donné qu’elles possèdent leur propre doctrine.
La religion par l’action et le partage
Pour Kada, le 8 Décembre est une fête catholique, certes, mais son histoire et sa célébration profitent à l’ensemble des Lyonnais. « Quand je fais la Fête des Lumières, il y a pour moi aussi une dimension personnel et spirituelle, raconte-t-il. Je fais hanouka avec mes amis juifs et Noël avec mes amis catholiques. Ce sont des moments humains de partage et de joie : ça concrétise ma façon de voir la spiritualité, ça m’enrichie. J’essaye d’apporter un maximum d’éveil religieux à mes enfants », poursuit Kada. Il a d’ailleurs fait le choix de les placer au collège catholique de Bellecombe pour qu’ils puissent partager des moments religieux avec des enfants d’une autre confession : « Ce sont avant tout des enfants, après, chacun a sa petite particularité. » Kada Kachaoui éduque ses enfants par l’action.
« La religion c’est une histoire d’engagement, de pratique. Tu ne peux pas dire que tu es basketteur professionnel si tu as juste joué une fois à NBA sur console. Il faut avoir été sur un terrain, et beaucoup s’entrainer pour atteindre cet objectif. Être religieux c’est pareil. »
