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Fraternité Saint-Pie X : le culte de la tradition

Le 8 décembre à Lyon est célébré par les catholiques lors d’une procession appelée Montée aux Flambeaux jusqu’à la basilique de Fourvière, où deux messes sont ensuite organisées. Un groupe se détache du cortège. Ils sont un peu plus d’une centaine. Les prêtres portent des soutanes et les chants qui s’élèvent, diffèrent du cortège principal. Il s’agit de la fraternité Saint-Pie X, qui regroupe environ 600 prêtres et 400 000 fidèles dans le monde entier. Mais qui sont-ils ?



Le cortège est arrivé devant la basilique de Fourvière. Les catholiques célèbreront deux messes mais les fidèles de la fraternité Saint-Pie X n’y participeront pas. Depuis 3 ans, leur messe se passe dans la petite cathédrale de Fourvière. Elle est traditionnelle, avec des chants en latin et en français. « Marie est vierge et totalement pure, nous lui rendons hommage en cette soirée du 8 décembre », affirme L’abbé Du Crest, un des deux prêtres lyonnais de la fraternité Saint-Pie X.


« Les lumières servent à montrer la pureté de Marie car toute sa vie

est une lumière sans imperfection et nous devons l’imiter. »



Des désaccords profonds avec Rome depuis Vatican II

La fraternité Saint-Pie X puise ses origines du XXIème concile Vatican II, datant de 1962 à 1965. Un concile est une assemblée de tous les évêques du monde, regroupés sous l’ordre du pape pour gérer les problèmes de l’Église. En 1962, 3 200 évêques se réunissent. Parmi eux se trouve Monseigneur Lefebvre, le fondateur de la fraternité Saint-Pie X. Avant le concile, il est archevêque de Dakar et responsable de 80 évêques sur toute l’Afrique francophone. Au moment du concile, il quitte ses fonctions d’archevêque et est nommé supérieur général des spiritains. Il fait également partie de la commission préparatoire du concile.


Lorsque le concile prend fin en 1965, Monseigneur Lefebvre ne se retrouve pas dans quatre points des 16 nouveaux textes parus :

  • La collégialité dans l’Église. « Certains veulent amener la démocratie au sein de l’Église. Nous ne sommes pas d’accord avec ça. Il y a le Pape, après les évêques qui sont soumis au Pape, puis les prêtres, puis les fidèles. La hiérarchie est importante pour nous », termine l’abbé.

  • Le mouvement œcuménique. « C’est d’affirmer que toutes les religions sont bonnes », déclare l’abbé Du Crest. « Or, c’est faux, il n’y a qu’une religion qui est vraie, c’est la religion catholique. »

  • La liberté religieuse. « C’est le fait de mettre la conscience humaine à la base de toute réflexion et non la loi de Dieu. Comme c’est la conscience qui est maîtresse, cela signifie qu’on n’est pas obligé d’être religieux. Pour nous, le plus important c’est la conscience de Dieu. L’Homme doit s’adapter à Dieu. Nous sommes obligés de suivre et de chercher la vérité par la seule vraie religion : la religion catholique », poursuit l’abbé Du Crest.

  • Au niveau de la liturgie, les messes ne sont plus soumises aux mêmes obligations. Un prêtre n’est plus obligé de les dire en latin, dos au peuple. Certaines parties de la messe sont mises de côté. Les prières sont atténuées. L’abbé Du Crest dénonce « une messe au choix, ce qui ne nous plaît pas. »



L’excommunication de Monseigneur Lefebvre

En 1988, Monseigneur Lefebvre demande à Rome qu’on lui envoie un évêque, indispensable à la formation des prêtres. Face à une attente trop longue et étant donné son âge avancé, Monseigneur Lefebvre sacre quatre prêtre le 30 juin 1988, sous la présence d’un évêque d’Amérique du Sud et se passant de l’accord de l’Église. C’est après cet évènement que le pape Jean Paul II décide de l’excommunier. Monseigneur Lefebvre décède en 1991. Depuis, la fraternité Saint-Pie X reste sous le coup d’une condamnation. En 2009, Benoît XVI retire le décret d’excommunication. Depuis, la fraternité est en discussion avec Rome.

« La société évolue, pas les traditions », Abbé Du Crest

Les fidèles de la fraternité Saint-Pie X sont attachés aux traditions et refusent le modernisme. Rien d’étonnant lorsqu’on sait que le Pape Pie X (1903-1914) avait de son époque mit en garde l’Église contre sa propre modernisation. « La vérité ne change pas avec le temps », affirme l’Abbé Du Crest. Au sein de l’Église, ils sont vus comme des traditionalistes.


« Nous refusons l’inter-religieux car ce serait admettre qu’il y a

plusieurs vérité. Or, pour nous, il n’y a que ce que Jésus nous a enseigné, rien d’autre. Si je me rends à une cérémonie juive, c’est que je trouve qu’elle a un intérêt et que je la permets, donc je ne la condamne pas. Mais nous considérons que la religion catholique est la seule vraie, les autres se trompent. »

Abbé Du Crest


Si la société tend à évoluer vers plus de justice et d’égalité, les membres de la fraternité Saint-Pie X ne semblent pas regretter leur mise à l’écart. « Être en marge d’aberrations, ce n’est pas si gênant que ça », poursuit l’abbé Du Crest. Et selon lui, la liste des ces « aberrations » est longue.


« L’homosexualité, ce n’est pas raisonnable, ça revient à violer la nature. La contraception n’est pas raisonnable non plus. Un homme qui a le SIDA ? Oh le pauvre homme. Il ne doit pas contaminer les autres et arrêter d’avoir des rapports sexuels. Ce qui se passe aujourd’hui dans le monde n’est pas raisonnable, donc ce n’est pas gênant d’en être exclu. Cependant, nos fidèles ont un travail et sont un minimum intégrés. »

Des idées qui circulent dans les écoles dirigées par la fraternité Saint-Pie X où pas moins de 2 000 élèves sont scolarisés en France.

Les fidèles de la fraternité Saint-Pie X ont également fait leur Montée aux Flambeaux vendredi, à retrouver en vidéo.

Vidéo tournée et montée par Antoine Decléty et Hugo Cléchet


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